Mes outils d’écriture

Je vous propose ici de faire un petit tour d’horizon des différents outils d’écriture que j’ai pu avoir entre les mains et avec lesquels j’ai réellement écrit. L’idée est simple, j’en présente une liste de points positifs et de points négatifs. Tous en ont, aucun n’est parfait. A une époque, j’ai beaucoup parcouru les internets à la recherche de l’outil ultime, oubliant l’essence de ma démarche qui est tout de même d’écrire. Je demeure persuadé que ces errances nourrissent l’artisan du mot, comme toutes formes de procrastination. J’en ai tiré quelques conclusions que je vous réserve pour la fin de cet article.

Tous les logiciels présentés ici ont le point commun d’être disponibles sous linux, complètement pour certains, dans une certaine mesure pour d’autres. Ce point est crucial pour moi puisque mon ordinateur portable et un de mes fixe sont sous linux, et sont les machines sur lesquelles j’écris le plus. J’ai vu trop peu d’articles mentionner cette possibilité, c’est un problème auquel je suis habitué mais qui demeure dérangeant. Peut être un jour les horizons changeront-ils…

Bonne lecture !

Libreoffice Writer

Les points positifs

Libreoffice Writer est un équivalent open source et libre de droit à Office Word, le logiciel de traitement de texte bien connu. C’est celui que j’ai choisi de présenter dans cette liste parce que le monopole de Microsoft dans le domaine informatique me débecte, et que je compte bien faire ma part pour ne pas y contribuer. Le caractère open source est donc un avantage majeur à mes yeux. Le fait que ce logiciel apparaisse en haut des classements dans les logithèques libres de droits en est un autre. En effet, il dispose naturellement, et comme toute la suite logicielle libreoffice, d’une batterie de retours utilisateurs et de tutoriels en tous genres qui rendent l’évolution et l’apprentissage plus aisés. Joie.

Comme pour Word, Writer est un logiciel WYSIWYG. Un quoi ? Ce sygle horrible signie What You See Is What You Get. La mise en page que vous adoptez sur la feuille A4 à l’écran sera celle de l’impression ou du document PDF que vous exporterez. On tend naturellement vers ce genre de logiciels quand on a des rapports de stages, des mémoires, des PDF de présentation ou simplement quand on doit écrire et qu’on ne connait que ça. D’ailleurs les fonctions d’export à différents formats usuels sont efficaces et facile d’accès.

Ça fait bien le job. Je n’ai pas grand chose à dire de plus, le logiciel est fonctionnel, il n’est pas trop lourd quand on s’en tient principalement au texte, l’interface est assez similaire à Word de l’époque des années 2000. En somme, c’est du solide.

Les points négatifs

Clairement, les interfaces WYSIWYG sont chargées. Il y a des boutons partout, la moitié voir les trois quarts sont utiles de façon très ponctuelle, voir plus quand on connait un peu les raccourcis claviers (ce que je recommande pour la tranquilité d’écriture).

Par ailleurs, le format A4 de base est un peu troublant quand on est un lecteur en plus d’un écrivain. La mise en page vient souvent se mettre en travers de l’écriture, à grand renfort de passage à la ligne forcé, de texte justifiée de façon injustifiée (haha) … Pour quelqu’un qui débute dans le traitement de texte, ça peut être franchement décourageant. Pour quelqu’un qui y est habitué, c’est régulièrement irritant.

Writer vient avec la suite logicielle Libreoffice. Il y a de l’édition de présentation à la powerpoint, du tableur à la excel, et tout un tas d’autres choses que je ne connais ni ne maîtrise, mais qui ont tous pour point commun de ne pas m’intéresser (à part peut être le tableur, de temps en temp). C’est beaucoup. C’est un peu lourd, quand on voulait juste un traitement de texte. Mais à notre ère numérique actuelle, j’imagine que vous n’êtes plus à ça près …

Scrivener

Les points positifs

Scrivener est un logiciel d’écriture. Il ne s’agit pas d’un logiciel d’édition, on ne s’intéresse ici qu’au contenu du texte et surtout pas à sa mise en page. Tout au plus on indique des titres, on choisi une police et si on le désire, on ajoute un peu de gras et d’italique. Il est utilisé pour toutes formes d’écrit, qu’il s’agisse de scénarios, de nouvelles, de romans… Tout y passe. Et il est très bon pour ça. Le logiciel dispose de différents template de fichiers adaptés aux différents besoin.

Bien sur c’est très bien d’écrire, mais ce n’est pas ce qui fait de ce logiciel un élément spécial dans cette liste. Là où il sort du lot, c’est dans son interface. Plus précisément dans sa manière d’organiser les écrits. Plusieurs vues sont disponibles, qui permettent de voir l’ensemble des textes comme épinglés sur un tableau de liège avec des petits résumés (accessible par la suite dans une colonne à côté du texte) ou encore de voir l’ensemble des textes contenus dans un dossiers les uns à la suite des autres. C’est un peu étrange au début, mais on en devient vite accro. le passage d’une vision globale à celle du coeur du texte en un clic est vraiment agréable.

Point crucial à mes yeux : l’interface est chargée. Ce n’est pas un point positif. L’inclusion d’un mode distraction free en revanche en est un, qui vient avantageusement contrebalancer le problème. On peut d’ailleurs régler ce mode pour qu’il ai une apparence sur mesure. Par exemple, j’aime écrire en blanc / gris sur fond noir / bleu très très foncé. C’est le fameux darkmode des applications, je ne vis que pour ça. Eh bien c’est possible.

Par ailleurs, scrivener dispose d’une solution intéressante pour attacher des méta données à ses textes. On peut donc facilement indiquer quels personnages apparaissent dans quels texte / chapitres, dans quels lieux se déroulent tels et tels scènes… Idéal quand on a une histoire compliquée ou bien quand on écrit à plusieurs.

Il est également possible d’ajouter des liens, des images, on peut donc se faire des dossiers entiers de sources et de recherches, en parrallèle de nos écrits. Pratique.

Les points négatifs

Il n’y en a pas beaucoup, et ils sont assez subjectifs. De fait, scrivener est longtemps resté mon outil de choix. Plusieurs choses sont venus remédier à cet état de fait.

La version linux est un leg de « Literature & Latte », l’éditeur du logiciel, d’une ancienne version linux qui n’est plus supportée. Avantage ? C’est gratuit. Inconvéniant ? c’est obsolète. Plus de mise à jour (quand on voit l’interface de la version 3.0, la 1.9 laisse un peu pensif), une interface pas toujours très jolie, et une petite tendance au lag. Pas la meilleure des expériences donc. Le logiciel reste bien meilleur sous windows, mac et ipad. Meh.

Il n’y a pas de fonctionnalités « en ligne ». Quand le logiciel est aussi bon, on en devient exigent.On se prend à rêver qu’une fonctionnlité de « synchronisation » vienne prendre nos textes et les porte sur toutes nos autres machines où on pourra les continuer en toute tranquilité. Que nenni. Du versionning a la mano tu fera. Avec toutes les galères et bourdes que cela implique. Tant pis. Notons que ce problème est similaire sur Word… Je veux dire sur Writer. Mais on ne l’attendait pas autant.

Enfin, malgré la bonne volonté de l’éditeur avec son leg, le logiciel n’est pas open source.

Evernote-like

Les points positifs

Evernote est une application de prise de notes en ligne. Elle dispose de clients « bureau » et d’applications mobile. Le très gros avantage de ce type d’application est la rapidité. On peut très facilement lancer l’appli et commencer à taper une idée ou une référence qu’on nous donne. Ce n’est pas l’application que j’ai choisi parce qu’elle n’est pas open source. Il existe dans ce genre une pléthore d’options, vous en connaissez sans doute : note sur iOS, memo sur android, oneNote sous microsoft. Elles ont toutes le même problème.

Le logiciel que j’utilise dans cette catégorie est Standard Notes. Vous vous en doutez maintenant, il est open source. Le contenu de mes écrits est chiffré, cela signifie qu’il n’est pas lisible en dehors de l’application et encore moins par un service tiers ou un logiciel d’aucune sorte. Je peux donc m’en servir pour des écrits sensibles ou pour stocker des informations personnelles. Ce n’est pas nécessaire pour mes écrits, mais ça ne coute pas plus cher !

De par la simplicité du concept, l’interface est assez naturellement dépouillée. C’est parfait pour ne pas trop avoir de distractions. Vive le minimalisme !

Enfin, le concept clef de cette app est le cloud. Tout est synchronisé en ligne, pas besoin de sauvegarde. Tout ce que j’aime.

Les points négatifs

C’est simple. Trop simple. Ce n’est pas un logiciel taillé pour faire du travail de longue haleine. L’expérience d’écriture y est un peu spartiate, les exports moins faciles … C’est très bien pour écrire à l’arrache une idée superbe qui nous sort de nulle part et qui y retournera si on n’est pas assez rapide. Mais c’est tout.

Notion

Les points positifs

Notion est une application web avec une version dite « bureau » qu’on peut installer sur son ordinateur. Plus que du traitement de texte, Notion est une véritable usine à organisation. Les possibilités de cette plateformes sont réllement impressionnante. On peut y mélanger images, liens, bases de données personalisables à foisons, textes édités … Le tout de manière imbriqué avec autant de niveau de complexité qu’imaginable.

La prise en main est très simple. L’interface y est pour beaucoup. Des petits boutons à côté du texte en cours d’éditions sont toujours là, rassurants, prêts à nous donner les solutions dont nous avons besoin. Des ajouts de nouveaux blocs plus « complexes » sont possibles directement à la frappe, en commençant un bloc par un slash puis en tapant le format qui nous intéresse.

Tout cela est bien beau, mais en quoi cela intéresse-t-il l’écrivain en herbe ? C’est très simple, mes amis. On peut choisir l’organisation que l’on veut. Pas seulement pour son texte, mais pour TOUT le processus de l’écriture. De la recherche à la publication en passant par le suivi des ventes, notion peut tout faire. On dispose avec une seule plateforme d’un suivi totale de notre oeuvre. C’en est bluffant.

Qui plus est, s’agissant d’une plateforme en ligne, tout est naturellement synchronisé. Même pas de bouton pour sauvegarder, c’est automatique. Un rêve. Il existe également une application mobile pour android et iOS, il est donc facile de lire ou éditer à la volée, dans les transports, chez des amis, dans le couloir de l’éditeur … C’est donc presque aussi pratique que les app de prise de note, mais en plus c’est organisé.

Pour ce qui est de l’écriture, Notion a plusieurs avantage. Tous les menus peuvent se rétracter quasi totalement, laissant une interface très porpre et aérée. C’est idéal pour enlever toutes distractions. Par ailleurs l’éditeur de texte supporte le markdown en plus des commandes en /, ce qui permet une écriture fluide même quand on veut ajouter des titres ou une mise en page légère. Pour ceux qui se demandent ce qu’est le markdown, rendez vous ici. Sachez que tous mes articles et certains sont écrit sont rédigés de cette manière.

Une dernière fonctionnalité m’a particulièrement plu et saura peut être vous charmer. Il est possible de publier certaines pages ou dossiers de pages. C’est intéressant si on veut par exemple avoir son blog d’écrivain au même endroit que ses écrits, ou bien si on veut publier chapitre après chapitre une partie de son oeuvre. Il est même possible d’inviter d’autres personnes à collaborer à ces pages. Intéressant.

Les points négatifs

On peut tout organiser. Mais c’en est vite vertigineux. A quel endroit ranger tel écrit ? Et d’ailleurs, à quel endroit ai-je rangé cet écrit ? L’utilisation de Notion requiert une organisation à toute épreuve, sans doute réfléchie en amont de sa mise en place. On s’en trouve vite écrasé. Attention donc.

Notion n’est pas open source. La mise en ligne de tout son travail par un service centralisé à déjà en soi ses problèmes (oups, tout est parti dans l’incendie du data center !). Mais donner en plus l’intégralité de son oeuvre à une entreprise dont on ignore ce qu’elle pourrait en faire avec tous ses algorithmes, il y a de quoi réfléchir un instant. La pléthore de fonctionnalités de notion, la fluidité de son interface et son potentiel d’organisation ne parviennent malheureusement pas à me faire oublier ce « détail ». Faites vous votre avis.

Vim

Les points positifs

Le logiciel Vim est gratuit, open source, libre de droit, que du bon. Il est accessible sur tous les systèmes d’exploitation et est très léger, ce qui le fait tourner sans problème même sur les machines plus anciennes.

Il propose un système modal, qui comporte des aspect problématiques mentionnés plus tard. Mais il apporte également deux points positifs majeurs : rapidité et flexibilité. Je ne vais pas écrire ici un tutoriel complet, mais sachez tout de même que pour se déplacer dans un texte on utilise HJKL pour se déplacer caractère par caractère à gauche, en bas, à droite et à gauche, pour écrire on doit taper I pour entrer en mode Insertion, et echap pour repasser en mode normal. Cette gymnastique contre intuitive prend rapidement sa place dans nos habitudes, et on se prend assez vite à vouloir les utiliser partout ailleurs. Pour les amateurs de linux, c’est souvent possible pour beaucoup d’applications dans le terminal.

C’est un outil qui prend sa place dans un workflow, il peut servir à écrire, coder, éditer rapidement des fichiers de configuration… Il est rapide à ouvrir, permet de retrouver rapidement ce que l’on cherche, extrêment personnalisable grâce à des plugins variés. C’est mon éditeur favori devant tous les autres, même si mes problème d’attention et mon incapacité à tenir en place me fait toujours partir vers d’autres horizons.

Les points négatifs

L’écriture modale de Vim est absolument contre intuitive. Il ne s’agit pas d’un simple mode accessoire ou d’un outil un peu trop avancé qu’il est possible d’ignorer. Au premier abord, écrire dans vim ne fonctionne pas comme prévu, mais le plus dur arrive au moment de sauvegarder ou de quitter. Sans les indications correctes, ces actions sont simplement impossible à réaliser. Pour les amateurs du plug and play, on repassera. Néanmoins, une fois cette courte douche froide, la plupart de ces petits freins sont vites dépassés.

L’interface est franchement minimaliste, et comme pour Scrivener pas de WYSIWYG.

Bien sur la customisation du logiciel est un point positif, mais l’investissement nécessaire pour obtenir quelque chose sur mesure qui nous convienne est tout à fait chronophage.

Conclusion

Cette liste n’est pas exhaustive, elle ne comprends que les outils d’édition de texte à proprement parler. J’aurais pu ajouter plusieurs autres, plus annexe. Peut être le ferais-je à l’avenir. Réduire l’écriture à son acte le plus immédiat me parait important, à une époque où on peut vite tomber dans les piège d’une « sur-accessoirisation ». Cela dit, la pléthore déjà présenté ici tombe déjà dans un éparpillement bien marqué dont j’essaye de me garder le plus possible.

La principale raison de l’existence de cette liste est le fait que je ne tienne pas en place. J’aime autant écrire que flaner sur des sites et essayer d’autres outils. Mais je demeure persuadé que cela a des effets positifs sur mon écritures. Les différents formats proposés par les outils de cette liste m’ont peu à peu aidé à envisager l’écriture sous un jour nouveau, notamment dans la manière dont je structure mes écrits. Se confronter à d’autres interface est formateur a différents niveaux, c’est une expérience que je recommande. Et puis trouver l’outil qui nous convient et l’exploiter jusqu’à ce qu’on n’ai plus besoin d’y penser est un haut fait digne de tout éloge, en plus d’être un confort réel.

Et vous, quels sont vos outils de prédilection ?

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